La valeur du travail repose-t-elle sur une illusion véhiculée par notre culture ?

Notre scolarité tout entière a pour vocation de nous rendre apte à nous insérer dans la société, y prendre notre place et exercer un métier.

Ainsi, au sortir de ces quinze années de formation sonne pour nous l'heure de choisir un métier, d'en apprendre les rudiments pour enfin accéder à l'exercice de cette profession.

Nous lui consacrerons la majeure partie de notre temps de veille, l'essentiel de notre énergie ; jusqu'à ce que l'âge, nous privant des moyens nécessaires pour mener notre tâche à bien, nous écarte du monde du travail.

Dans nos sociétés modernes, opter volontairement pour une autre existence ou être contraint de le faire par des réalités économiques ou sociales, nous condamnent à tomber dans la marginalisation.

Ne pas travailler, ne pas exercer une activité professionnelle rémunérée, revient à être stigmatisé comme profiteur, comme parasite.

Le critère de réussite sociale, c'est-à-dire l'importance relative d'un individu par rapport aux autres, se définit pour l'essentiel par l'importance du salaire.

En effet, un salaire important est le signe que la société considère notre travail comme quelque chose de précieux.

D'ailleurs la question des inactifs est considérée comme un problème politique majeur aujourd'hui, sinon comme le défi principal de nos sociétés occidentales.

Ces éléments montrent indéniablement l'importance que nous accordons au travail :

• de façon individuelle car il occupe la majeure partie de notre existence,

• au niveau de la société puisque notre valeur sociale est liée, pour l'essentiel, à notre activité professionnelle.

Dès lors, la question se pose de savoir ce qui donne au travail cette valeur. Est-elle réelle ou repose-t-elle sur une illusion véhiculée par notre culture ? Au fond, la raison qui nous pousse à articuler notre existence autour du travail est-elle véritablement fondée ?

Bien entendu nous disposons d'un certain nombre de réponses immédiates préformatées :

• nous devons travailler pour gagner notre vie ;

• le travail nous évite de sombrer dans un ennui mortel ;

• etc.

Mais ces réponses sont très largement insuffisantes comme nous nous efforcerons de le démontrer dans notre développement.