Analyse de la question
Puisque le concepteur du sujet est un crétin, la question qu’il vous pose n’a pas été conçue pour des élèves de votre niveau, elle est donc nécessairement soit d’une simplicité navrante, soit hors de votre portée.
si la réponse à la question est évidente exposez immédiatement à ce benêt de correcteur la solution indiscutable qui lui avait échappé.
si la question est incompréhensible soyez généreux, transformez la question afin de la rendre conforme aux exigences de l'examen.
Plus sérieusement la question a été élaborée pour vous et demande à être précisément analysée par l'élève.
Exemple : Voltaire, Entretiens d’un sauvage et d’un bachelier (1761)
LE BACHELIER – Monsieur le sauvage, vous avez vu sans doute beaucoup de vos camarades qui passent leur vie tout seuls : car on dit que c’est là la véritable vie de l’homme, et que la société n’est qu’une dépravation artificielle ?
LE SAUVAGE – Jamais je n’ai vu de ces gens-là : l’homme me paraît né pour la société, comme plusieurs espèces d’animaux ; chaque espèce suit son instinct ; nous vivons tous en société chez nous.
LE BACHELIER – Comment ! en société ! vous avez donc de belles villes murées, des rois qui tiennent une cour, des spectacles, des couvents, des universités, des bibliothèques, et des cabarets ?
LE SAUVAGE – Non ; est-ce que je n’ai pas ouï dire que dans votre continent vous avez des Arabes, des Scythes, qui n’ont jamais rien eu de tout cela, et qui forment cependant des nations considérables ? nous vivons comme ces gens-là. Les familles voisines se prêtent du secours. Nous habitons un pays chaud, où nous avons peu de besoins ; nous nous procurons aisément la nourriture ; nous nous marions, nous faisons des enfants, nous les élevons, nous mourons. C’est tout comme chez vous, à quelques cérémonies près.
LE BACHELIER – Mais, monsieur, vous n’êtes donc pas sauvage ?
LE SAUVAGE – Je ne sais pas ce que vous entendez par ce mot.
LE BACHELIER – En vérité, ni moi non plus ; il faut que j’y rêve.
Complément : Analyse du sujet de réflexion
Comment en vient-on à considérer l’autre comme un sauvage ?
Que signifie sauvage ?
« Qui vit à l'écart des formes de civilisation dites évoluées, qui est proche de l'état primitif »
TLFje ne constate pas un fait mais j'élabore un jugement, ce qui signifie que cette qualité ne lui appartient pas nécessairement mais que c'est moi qui le juge ainsi
L'autre ne m'apparaît pas immédiatement comme un sauvage,
« j'en viens à la considérer »
comme tel par un processus.Ici le sauvage est nécessairement l'autre, celui qui diffère de moi, ce qui m'est étranger
la question comment me demande d'analyser le processus, d'en définir les étapes, de rendre compte de l'émergence de ce jugement