Le désir et l'envie
Introduction
Il existe deux façons d'appréhender le manque qui se situe à la racine du désir.
Celles-ci nous conduisent à distinguer deux concepts que nous avons tendance habituellement à confondre : le désir et l'envie.
si le manque est perçu comme douleur, souffrance alors il se mue en envie ;
si le manque est considéré comme le signe d'un appel vers l'ailleurs, un besoin de sortir de soi alors il s'agit d'un désir authentique.
Pour saisir la distinction nous allons commencer par analyser l'envie afin de voir apparaître en creux ce que le concept de désir recouvre.
(Analyse de l'article de Sylvie Germain, Le désir et l'envie, Collection morales)
L'envie
L'envie prend le manque en horreur et agit de manière réactive.
La fin de l'envie consiste à abolir le manque le plus rapidement possible ;
les moyens sont donc évalués en fonction de leur capacité à résoudre le manque rapidement.
L'envieux
L'envieux s'estime au moins aussi digne (souvent plus digne) de posséder le bien dont jouit autrui.
Il enrage de ne pas avoir ce qu'il considère comme son dû.
L'envieux pose son mérite comme axiome, le droit sur ce qu'il convoite comme une évidence.
Il souffre d'un sentiment de supériorité qu'humilie la réalité. Il se croit victime d'une injustice.
L'envie enferme dans l'obsession.
Le désir authentique
Par opposition le désir fait du manque un tremplin vers l'ailleurs.
Il s'agit moins d'atteindre la fin que de jouer avec les possibles.
Il est d'abord un jeu de l'imagination, ouverture vers des objets multiples et non enfermement obsessionnel.
Le désir ne se joue pas dans l'urgence, il s'élabore lentement.
Le chemin prime sur la fin, les moyens valent alors pour eux-mêmes et non relativement à leur capacité à résoudre rapidement le problème.
Le désir n'est pas un combat pour l'acquisition d'un bien mais une aventure, une ouverture au monde.
De peur de le voir se réaliser et le perdre en tant que désir nous nous ingénions à en retarder l'avènement.
Conclusion
On le voit, bien peu de chose séparent le désir de l'envie et pourtant ce sont deux modes de rapport au monde qui n'ont rien à voir.
« L'envie est au désir ce que la grimace est au sourire »
nous dit Sylvie Germain.
Le texte de Schopenhauer ne nous parle-t-il pas essentiellement de l'envie laissant le désir intact ?
Approfondissons notre compréhension du désir en prenant soin de laisser de côté l'envie.
Complément : Pour le cours suivant
Sur la base d'un exemple précis montrez dans quelle mesure la publicité est une tentative de dévoiement de la dynamique du désir pour le tourner en envie, notamment en lui attribuant un objet pré-établi.