Nature du plaisir esthétique
Plaisirs du corps et plaisirs esthétiques
Ce qui distingue les plaisir esthétique des autres repose sur le fait qu'il ne sont liés qu'à la représentation.
Les autres plaisirs affectent avant tout la sensibilité (les sens) ; soit qu'il s'agisse d'une sensation adéquate aux dispositions corporelles, soit la satisfaction d'un besoin.
Le plaisir esthétique lui se joue au niveau de l'esprit, le corps n'y prend directement aucune part.
Arts d'agrément et Beaux-arts
Il existe deux espèces de représentation qui sont susceptible de générer du plaisir.
Celles qui renvoient à la sensation et les autres qui sont liés à des modes de connaissances.
Les plaisirs d'agréments sont les premiers. L'esprit éveille mon appétit pour certaines sensations soit en se les représentant directement soit en laissant jouer l'imagination autour de celles-ci.
Les Beaux-arts les seconds. Il s'agit d'un plaisir lié non à la connaissance elle-même mais aux facultés en oeuvre dans l'élaboration de la connaissance. Il ne s'agit donc pas d'un plaisir lié à la connaissance mais au jeu libre des facultés censées élaborer cette connaissance.
« les arts d'agrément sont ceux dont la jouissance est le seul but »
Les beaux-arts contribuent
« à la culture des facultés de l'âme en vue de la communication dans la société »
.
Le critère nouveau qu'introduit Kant dans cette nouvelle paire de définitions est celui de la communicabilité et donc de la sociabilité du plaisir esthétique.
Singularité du plaisir esthétique
Le plaisir généré par l'effort de connaissance dans le jugement esthétique se partage, ou plus exactement demande à être partagé.
Pour Kant cette volonté de partager le plaisir esthétique est l'un des éléments fondamentaux du lien social.
C'est la un caractère singulier qui ne se retrouve pas dans les autres plaisirs qui eux restent essentiellement solitaires.
Le plaisir que j'éprouve alors ne concerne que moi, au mieux je peux viser un plaisir simultané avec autrui mais qui restera singulier pour chacun.
Je suis incapable de faire partager ce plaisir à autrui, je me contente de le constater pour moi.
Ce qui ne signifie pas pour autant que les plaisirs non esthétiques ne se jouent que dans la sphère privée.
Au contraire nous avons tendance à jouir de ces plaisirs en société (les plaisirs de la table, les loisirs partagés...), mais ce n'est pas dans le but de communiquer à leur propos mais plus précisément parce qu'ils nous mettent dans un état de satisfaction propre au contact social.
Le plaisir non esthétique n'est donc pas un thème de communication, une fois encore nous ne pouvons que le constater et non en discuter.
La communicabilité du plaisir esthétique
Qu'est-ce qui permet cette singularité du plaisir esthétique ?
Le fait qu'il soit justement lié aux facultés de connaissance.
La connaissance est par excellence la matière de la communication.
Et le fait que le jugement esthétique n'aboutisse pas à l'élaboration d'une connaissance concrète rend la possibilité de communication indéfinie.
Nous pouvons donc échanger avec autrui virtuellement infiniment à propos de nos représentations esthétiques.