Introduction à l'esthétique

Le rôle de l'artiste ne consiste plus dans le modèle critique à imiter la nature.

Pour autant Kant affirme que la nature comme l'oeuvre d'art sont susceptibles d'être l'occasion d'un jugement esthétique.

Il convient donc de s'interroger sur les liens et les différences entre nature et art dans leur relation à ce jugement.

Dans la nature tout se passe comme si il y avait de la finalité.

Comme si la nature se présentait à la manière d'un beau spectacle cherchant a susciter en moi une réflexion admirative.

Au fond comme si elle était artiste.

Comme s'il y avait une harmonie préétablie, valable subjectivement, entre elle et moi.

Comme si elle s'adressait à moi en des termes que je peux comprendre.

Pour autant je sais bien que ce n'est pas le cas, il n'y a aucune finalité de ce type dans la nature. La finalité que j'y suppose vient de moi.

C'est la raison pour laquelle Kant parle ici de libre finalité, libre à double titre :

• elle n'est pas déterminée par une intention (la nature n'est pas consciente)

• le spectateur est libre de son interprétation.

Il est plus difficile pour l'art d'atteindre à cette libre finalité puisqu'elle se définit justement comme une intention consciente de production.

Mais pour Kant l'art véritable ne peut être qu'à la condition qu'il parvienne à donner l'illusion de l'absence d'intention qui caractérise la nature.

Nous pourrions dire que l'art est une intention qui se donne l'apparence de ne pas être intentionnelle, tandis que la belle nature est une absence d'intention qui donne l'apparence d'être intentionnelle.

« Le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art. »

Le génie est la présence d'une causalité de type naturelle dans l'esprit qui produit l'art.

L'artiste génial a cette faculté de produire non à l'image de l'artisan mais à l'image de la nature, c'est-à-dire sans intention quand au résultat de sa production.

L'intention géniale n'est pas clairement consciente d'elle-même, elle s'effectue à travers l'acte de création.

Elle produit et le concept de l'oeuvre et les règles de sa production à travers l'acte créatif lui-même.

De fait, l'art ne peut se résoudre dans la conformité avec son concept, dont la réalisation obéirait à des règles déjà identifiées, car cela nous ramènerait aux arts mécaniques (à l'artisanat).

Il faut donc que ces règles apparaissent a posteriori, soit dans l'acte même de création.