Les représentations du monde

À partir de l'Antiquité l'histoire n'est plus conçue comme recherche des origines.

Cette quête persiste bien et ne cessera d'agiter les consciences mais Hérodote va s'intéresser aux actions humaines.

« Sauver les actions humaines de la futilité^[1] qui vient de l'oubli »

Il semble que nous nous approchions du concept moderne et pourtant nous en restons très éloignés.

Les historiens actuels ne s'intéressent à l'action humaine qu'en tant qu'elle symbolise un fait historique.

Ici le « fait humain » n'est pas le « fait historique » tel qu'il est pensé aujourd'hui.

Nous ne nous souvenons de Ravaillac que pour les conséquences de son acte :

« Ce régicide bouleverse le royaume de France. Le Dauphin, Louis XIII, n'a pas encore neuf ans et Marie de Médicis, veuve d'Henri IV, assure une régence de 1610 à 1614, qui marque une inflexion dans la politique du Royaume au sein duquel son époux avait ramené la paix civile après plus de trente ans de guerre de religion. »

L'acte singulier de l'individu n'a de sens que dans la mesure où il s'inscrit dans un processus historique.

Pour Hérodote il s'agit de l'acte individuel, du phénomène singulier produit ici et maintenant.

Il y a une double futilité du fait humain :

• Aujourd'hui : car il n'est que le symbole d'une réalité plus complexe

• Depuis l'Antiquité : parce qu'une fois l'action accomplie elle disparaît

  l'action ne dure pas dans le temps ce sont ses conséquences qui lui donnent une existence durable.

Alors pourquoi faudrait-il sauver le fait humain de l'oubli, pourquoi ne pas le laisser à sa futilité ?

Pourquoi l'Antiquité jugeait nécessaire de le conserver ?

Elle nous apprend :

• l'objet de l'histoire est l'acte individuel, le phénomène singulier produit ici et maintenant

• absence d'histoire des animaux, des plantes et des minéraux (nous verrons pourquoi)

• l'histoire à pour but la mémoire (sauver de l'oubli)

L'objectif d'Hérodote est de sauvegarder ce qui doit son existence aux hommes, pour le sauver de l'oubli.

Il s'agit de conférer une certaine immortalité aux actions individuelles.

Pour comprendre ce souci d'immortalité il convient de se référer à la compréhension de la Nature chez les Grecs.