La révolution copernicienne
Introduction
La connaissance du monde s'élaborait jusque là sur la base de l'expérience sensible.
Il s'agissait alors d'observer puis de classer les différents phénomènes.
Le rôle de l'esprit humain était donc très limité.
Nous faisons traditionnellement remonter à Copernic (1473-1543) le passage d'une connaissance du monde élaborée par les sens à une connaissance développée par l'esprit.
Cela signifie que nous ne comprenons pas le monde par la sensibilité mais par la réflexion.
Pour tenter de comprendre de quoi il s'agit nous allons nous intéresser de plus près à la théorie développée par Copernic.
Géocentrisme
La théorie admise durant des siècles reposait sur les thèses d'Aristote, elle avait pour nom le géocentrisme.
« La terre est au centre de l'univers et tout tourne autour d'elle »
Cette explication posait un certain nombre de problèmes pour rendre compte des variations observées de vitesse et de taille des planètes connues.

James Ferguson (1710-1776), basé sur des diagrammes similaires de Giovanni Cassini (1625-1712) et du Dr Roger Long (1680-1770); gravé pour l'Encyclopédie par Andrew Bell.
Héliocentrisme
Pour simplifier ce modèle Copernic proposa un autre système : l'héliocentrisme.
Son point de départ est l'idée selon laquelle les mathématiques se doivent de trouver les modèles les plus simples pour expliquer les phénomènes naturels.
C'est là un élément essentiel car il signifie que la logique humaine prend véritablement le pas sur l'observation.
Ses postulats[2] qui sont les suivants :
la Terre n'est pas le centre de l'Univers, mais seulement le centre du système Terre/Lune ;
toutes les sphères tournent autour du Soleil, centre de l'Univers ;
la Terre tourne autour d'elle-même suivant un axe Nord/Sud ;
la distance Terre/Soleil est infime comparée à la distance Soleil/autres étoiles.
Ces postulats lui permettent de placer les différentes planètes dans le bon ordre par rapport à leur distance au Soleil.
Il n'est donc plus nécessaire de faire appel aux épicycles.

Graphique tirée de son ouvrage « Des révolutions des sphères célestes »
Réfutations
Outre les réfutations théologiques un certain nombre de critiques d'ordre physique (sensible) furent opposées à sa théorie, en voici quelques unes :
Si la Terre tourne sur elle-même, comment se fait-il que les objets restent à sa surface alors que la poussière qu'on jette sur une toupie pendant qu'elle tourne n'y peut demeurer, mais est rejetée par elle de tous côtés ?
Si la Terre est en révolution autour du Soleil, elle doit se déplacer à une très grande vitesse. Or, quand on laisse tomber une pierre du haut d'une tour, elle en tombe précisément au pied : c'est bien que la tour, et donc la Terre à laquelle elle est attachée, est restée fixe pendant la chute de la pierre.
Il devrait y avoir constamment un vent d'est, comme le vent relatif que l'on ressent en se déplaçant à grande vitesse.
L'ensemble de ces critiques reposent sur le fait que l'observation dément la théorie.
Théorie et expérience
De nombreux penseurs vont apporter des confirmations et en apportent encore aujourd'hui mais l'essentiel de ces confirmation sont d'ordre théorique.
Ce n'est qu'en 1727 (soit deux siècles plus tard) que l'on découvre la première preuve expérimentale du mouvement de la Terre autour du Soleil.
Il n'existe encore aucune observation qui permette de prouver que la Terre est bien en mouvement par rapport aux étoiles lointaines.
Ainsi, ce n'est plus l'expérience qui rend compte de la réalité mais les mathématiques.
L'expérience ne sert plus qu'à confirmer des calculs mathématiques réalisés indépendamment de leur objet.
L'observation dément même souvent la théorie scientifique : Nous avons beau savoir théoriquement que le soleil est fixe et que c'est la terre qui tourne sur elle-même ; nous continuons à considérer dans la vie quotidienne que le soleil traverse la voûte céleste entre l'aube et le crépuscule.