La vérité ontologique

L'héritage platonicien

Il s'agit de la Vérité telle qu'elle est conçue par Platon et dont le sens commun a hérité.

Pour Platon, à côté des formes sensibles, il existe des réalités intelligibles, archétypes ou modèles de toutes choses.

« Il faut convenir qu'il existe premièrement ce qui reste identique à soi-même en tant qu'idée, qui ne naît ni ne meurt, ni ne reçoit rien venu d'ailleurs, ni non plus ne se rend nulle part, qui n'est accessible ni à la vue ni à un autre sens et que donc l'intellection a pour rôle d'examiner ; qu'il y a deuxièmement ce qui a même nom et qui est semblable, mais qui est sensible, qui naît, qui est toujours en mouvement, qui surgit en quelque lieu pour en disparaître ensuite et qui est accessible à l'opinion accompagnée de sensation. » (Platon, Timée)

Il existerait donc une Vérité, au-delà des apparences, qui serait la référence absolue de l'idée imparfaite que nous façonnons.

L'homme peut y avoir accès en se détournant du sensible pour se concentrer sur l'intelligible (rentrer en soi-même).

Il s'agit pour Platon moins d'une découverte que d'une redécouverte.

En effet, il estime que dans une premier temps l'âme vivait dans le ciel des Idées c'est-à-dire en compagnie de ces Vérités. En s'incarnant elle a oublié ce séjour, il convient donc à présent de se ressouvenir (réminiscence).

Si l'ensemble de la théorie platonicienne n'est pas acceptée aujourd'hui, notre représentation de la vérité entendue comme réalité transcendante[1] et universelle[2] est restée.

Cette théorie suppose que :

  1. la Vérité existe comme objet extérieur à l'homme

  2. elle nous est accessible à travers le langage.

Une illusion de vérité

Nietzsche parvient par un autre chemin à la même conclusion que la nôtre, à savoir que la Vérité ainsi conçue est une illusion.

Il montre que pour concevoir une Vérité de ce type il convient de la faire reposer sur l'existence de Dieu, c'est à dire sur une nature transcendante et universelle (caractères mêmes de cette Vérité).

De notre côté nous avons vu dans la partie précédente que la langue déterminait notre représentation du monde. Que d'une langue à une autre, d'une culture à une autre, la compréhension du monde différait.

Autrement dit qu'une langue adamique n'existait pas, qu'une telle croyance était nécessairement naïve.

Ainsi, même si une telle Vérité existait elle resterait inaccessible à toute tentative de la cerner par une langue particulière.