Peut-on s'extraire de sa langue ?

L'objet du phénomène

La langue vise autre chose qu'elle même.

Elle cherche à formuler ce qui nous apparaît.

Le phénomène[1] contient bien une certaine réalité indépendante de ce que nous en disons.

Dès lors, la langue n'est qu'une manière particulière de dire l'objet visé par le discours.

Cette manière ne retire rien à la réalité de l'objet visé.

Il y aurait en ce sens une place pour une forme d'universel qui persisterait dans l'objet lui-même.

ExempleUn coucher de soleil

Si je contemple un coucher de soleil en compagnie d'un pakistanais, nous portons bien notre attention sur le même objet.

Qu'il n'en dise pas la même chose que moi n'a rien à voir avec le coucher de soleil lui-même, qui reste ce qu'il est indépendamment des tentatives de description des uns ou des autres.

Il y a bien quelque chose qui persiste au-delà de la diversité des langues.

Prisonnier de sa langue

Reste qu'il s'agit d'une maigre consolation.

Cette réalité n'a d'intérêt que si je peux en approcher.

Or, si ma langue structure ma pensée, elle me présente l'objet sous un jour singulier et m'empêche donc de l'approcher dans sa réalité.

Je serais en quelque sorte prisonnier de ma langue, contraint de voir le monde d'une certaine manière, incapable d'accéder à de nouvelles formes d'accès à la réalité.

Peut-on alors s'extraire de sa langue ?