La famille pré-moderne
Fondamental : Avertissement
Ce qui va suivre dans les deux prochaine sous-parties, constitue une interprétation parcellaire mais éclairante de l'évolution qui nous a conduit au développement du système social que nous connaissons aujourd'hui.
Parcellaire car il laisse de côté un certain nombre d'éléments pour donner à voir un schéma simplifié mais cohérent.
Les événements historiques relèvent toujours d'une multi-causalité et toute explication systématique, aussi satisfaisante soit elle, reste nécessairement caricaturale.
Je vais donc vous proposer une caricature des prémisses de la société actuelle.
Le rôle de la famille
Avant la révolution industrielle la vie de l'individu se réduisait au cercle familial élargi, ou à une communauté du même type (guilde artisanale...).
On travaillait pour l'affaire familiale ou dans un cadre favorisant la famille.
C'est la famille qui
faisait office de protection sociale,
pourvoyait à l'éducation,
construisait les maisons de ses membres,
faisait office de banque,
de police,
de maison de retraite,
etc.
La communauté définissait donc le quotidien de l'individu.
Voir notamment le film Goupi main rouge, Jacques Becker, 1943.
Le rôle de l'État
L'État n'était pas totalement absent :
il construisait des routes,
enrôlait des hommes pour ses guerres,
levait des impôts,
etc.
Mais pour l'essentiel il restait à l'écart de la vie quotidienne.
Les terres notamment appartenaient bien aux Seigneurs et en droit l'ensemble des biens des paysans mais en fait c'était bien ces derniers qui en avaient la charge et qui géraient comme ils l'entendaient.
Pourvu bien entendu qu'ils payent les impôts déterminés par les Seigneurs, ils disposaient d'une grande autonomie dans leur manière de s'organiser.
Raison de cette absence de l'État
Il y avait assez peu de transactions financière dans cette civilisation car l'essentiel était produit par la communauté familiale elle-même.
Ainsi, le commerce, principal pourvoyeur de richesses, restait réduit.
L'État ne disposait pas des fonds nécessaires pour entretenir une armée de fonctionnaires susceptibles de s’immiscer dans la vie des individus.
Conclusion
Cette vie était cependant loin de constituer un paradis, dans la mesure ou la brutalité de cette communauté pouvait se déchaîner durement sur l'individu.
Les individus vivaient sous la dépendance despotique du chef de famille qui détenait un pouvoir absolu sur tout ce qui les concernaient.
Mais ils n'avaient pas le choix, dans la mesure où sortir de la communauté avait pour conséquence :
soit d'être contraint de trouver une autre communauté d'adoption,
soit de rester livré à soi-même, aucun soutien de nulle part ne pouvait être attendu.