La valeur du travail repose-t-elle sur une illusion véhiculée par notre culture ?

La disparition de la dépendance de type familiale à un coût, nous devenons soumis à l'État.

Le fait est que la froide administration ne comprend pas mais compte, elle fonctionne sur des statistiques et non sur du vécu.

Nous sommes donc dépersonnalisés, nous existons en tant que matricule et non comme des individus dotés d'une histoire complexe et singulière.

Nous devons entrer dans des cases préformatées par le système.

De plus, nous avons perdu l'essentiel de notre force face à l'État, puisque le contre-pouvoir principal résidait dans la famille (qui disposait d'une certaine autonomie) or ce modèle a volé en éclat.

D'autre part, l'État n'a pas tenu ses promesses de manière égale sur l'ensemble du territoire.

Un article du Monde Diplomatique fait état de cette inégalité dans un article de 2017 que je vais commenter.

L'article constate une désertification des campagnes accompagné d'un développement de la misère.

• Les fermes périclitent au profit des grandes exploitations ce qui force les agriculteurs à rechercher des emplois ailleurs.

• Les emplois étant concentrés pour l'essentiel dans les grandes villes ou à leur périphérie, ils sont donc amenés à s'exiler.

• Ce qui ruine progressivement les infrastructures de loisir, de transport, de soins médicaux, d'éducation... qui ne sont plus rentables.

Nous tombons donc dans un cercle vicieux conduisant inexorablement au déclin des campagnes.

La solidarité mécanique permettait de faire front contre la dispersion des terres et des biens.

Aujourd'hui, le fait de n'exister qu'en tant qu'individu, rend cette coopération difficile.

Nous suivons tous nos intérêts propres, la notion de bien commun à pratiquement disparue.

Comment rendre compte du fait qu'une telle situation ne conduise pas à un changement du système ou à une révolte populaire ?

Une bonne partie de la classe citadine se trouve satisfaite de la structure politico-économique actuelle.

Pour eux l'État est effectivement parvenu à remplacer la communauté de type familiale.

Ils disposent de conditions de vie, améliorables sans aucun doute, mais non misérables.

Les banques leur accordent des prêts ; ils parviennent à trouver un logement ; l'État les soignent et prend soin d'eux au moins pour l'essentiel...

Ainsi, le besoin impérieux d'une alternative ne se fait pas sentir avec la même urgence.

Ils ont le temps d'imaginer une alternative qu'ils pourraient juger en mesure de les satisfaire.

L'éloignement géographique de ces deux mondes explique l'incompréhension réciproque.

Les citadins sont bien incapables de comprendre les ruraux car ils ne perçoivent pas leur réalité misérable.

Le citadin lorsqu'il vient à la campagne est subjugué par ce qui lui manque en ville : le calme, l'absence de sollicitation sociale...

Mais ce sont ces mêmes éléments qui font la misère des ruraux : l'activité qui décline, l'absence de vie sociale...