Hippias majeur

L’Hippias majeur sous-titré Sur le Beau est un dialogue de Platon, dans lequel Socrate dispute avec le sophiste Hippias d'Élis de la définition du mot grec kalon, que traduit de manière imprécise le mot français beau, et qui se dit de toutes les réalités dont on estime la valeur et l'excellence.

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Désigner et non définir

La question d'Hippias qui ouvre le dialogue est : « Quelle chose est belle ? »

Poser ainsi la question revient à limiter le problème à la singularité.

On ne peut alors donner que des exemples de beauté.

Il ne s'agit pas pour Hippias de définir le concept par induction[1] mais d'affirmer que nous sommes confrontés à des manifestations indécomposables du Beau.

Telle femme est belle et telle autre l'est également, non parce qu'elles disposent de caractéristiques communes propres à la beauté mais parce qu'elles manifestent chacune à sa manière singulière le Beau.

Ainsi la Beauté ne serait pas définissable théoriquement mais uniquement le résultat d'une expérience immédiate et complète.

Nous pouvons désigner la beauté, non dire ce qu'elle est.

Critique de Socrate

Dans la mesure où nous comparons les objets beaux entre eux, il faut que nous considérions qu'il existe une échelle de la beauté.

Autrement dit que théoriquement il existerait une beauté idéale à laquelle nous comparons les beautés singulières, ce qui nous autorise à les juger plus ou moins belles en fonction de cet idéal.

Dès lors il faut supposer que le Beau existe en soi et qu'il est donc définissable.

Socrate va donc pousser Hippias à rechercher une définition.

Remarque

La thèse d'Hippias reste cependant intéressante.

Socrate et Platon avec lui défendent la définition comme étant ce qui permet d'accéder à la Vérité, allant jusqu'à considérer que les Vérités (dont les définitions ne sont que la version de l'humaine rationalité) possèdent une existence concrète dans le Ciel des Idées.

De fait, nous sommes pour la plupart les héritiers de cette vision platonicienne mais nous pourrions avec Hippias considérer que les Beautés singulières sont considérées comme telles en tant que manifestations indécomposables et non parce qu'elles disposent de caractéristiques communes qui déterminent le concept.

Caractères de la définition

  • Elle est unique alors que les choses auxquelles elle renvoie sont innombrables ;

  • elle est commune à toutes les choses qu'elle définit ;

  • elle reste identique à elle-même lorsque les objets sensibles changent avec le temps ;

  • elle continue d'exister même si plus aucun élément qu'elle définissait ne subsiste.

La définition pose la dualité entre l'essence et l'accident[2].

La définition est une recherche d'unité dans la multiplicité.

Échec de la tentative de définition

Dans l'Hippias majeur, les protagonistes ne vont pas parvenir à définir le concept de la Beauté.

Trois tentatives se suivent qui se révèlent toutes infructueuses.

L'ornement adéquat

L'ornement est la cause de l'apparence du Beau.

Il ne peut donc être en même temps la cause de la réalité du Beau.

Car une cause ne peut avoir des effets opposés.

Ainsi, l'ornement est au contraire un obstacle pour accéder à la véritable beauté.

L'utile

Pourquoi l'utile ?

Nous sommes attirés par la beauté, elle est une cause du désir.

L'utile est également une cause du désir.

L'utile et le beau se confondent-ils alors ?

Non, répond Socrate, car il peut y avoir de l'utile pour le bien comme pour le mal, or seul le bien est beau.

Le plaisir de l'ouïe et de la vue

La beauté est transmise par les sens et plus particulièrement par l'ouïe ou la vue et incontestablement la beauté procure du plaisir.

Le Beau se résout-il dans le plaisir sensible ?

Socrate répond que non seulement il peut y avoir plaisir sensible sans beauté mais encore de la beauté sans plaisir sensible.