L'enquête et l'examen (pp. 260-264)
Fondamental :
L’enquête est la découverte fondamentale de l’Inquisition et va avoir des répercussions sociales considérables.
« L'enquête comme recherche autoritaire d’une vérité constatée ou attestée s'opposait ainsi aux anciennes procédures du serment, de l'ordalie, du duel judiciaire, du jugement de Dieu ou encore de la transaction entre particuliers. L'enquête, c'était le pouvoir souverain s'arrogeant le droit d'établir le vrai par un certain nombre de techniques réglées. »
p. 262
Établir le vrai
Avant l’invention de l’enquête personne n’était réputé capable de faire advenir un récit vrai parmi la trame contradictoire des faits et des témoignages.
On s’en remettait le plus souvent à Dieu, plus généralement on négociait une vérité entre les partis.
L’enquête est le pouvoir du souverain d’établir le vrai.
Au départ nous sommes confrontés à une somme de témoignages et de faits plus ou moins objectifs contradictoires.
L’enquête à pour fin de produire à partir de cette masse chaotique le récit qui aura dès lors valeur de vérité.
La question qui se pose en cas de procès est moins de savoir si effectivement nous avons ou non accompli l’acte pour lequel on nous accuse.
Ce qui a valeur de vérité c’est la version retenue par le tribunal, c’est elle qui produit un effet, c’est la raison pour laquelle en droit français tout accusé est présumé innocent jusqu’à la prononciation du verdict.
Voir le documentaire The staircase[1].
L'enquête et la science
L’enquête est progressivement devenu le modèle de l’élaboration de toute vérité.
Notamment l’histoire ne détermine son récit qu’à travers un processus d’enquête.
Le déblocage épistémologique des sciences repose sur la méthode de l’enquête qui établit des faits, qui détermine la vérité.
« Ce que cette enquête politico-juridique, administrative et criminelle, religieuse et laïque a été aux sciences de la nature, l'analyse disciplinaire l'a été aux sciences de l'homme. »
p. 262
Mode disciplinaire et science de l'homme
Les sciences de l’homme (sociologie, psychologie, criminologie…) se nourrissent exclusivement du savoir disciplinaire, de l’analyse méthodique des individus et de leurs relations.
Elles émanent entièrement des modalités disciplinaires et à leur tour les nourrissent.
Même quand ces sciences s’efforcent de critiquer les mécanismes qu’elles analysent, leurs résultats sont le plus souvent ré-exploitées contre elles.