Exercice

Nietzsche, Généalogie de la morale, 1887

C'est encore et toujours sur une croyance métaphysique que repose notre croyance en la science, - nous autres qui cherchons aujourd'hui la connaissance , nous autres sans-dieu et antimétaphysiciens, nous puisons encore notre feu à l'incendie qu'une croyance millénaire a enflammé, cette croyance chrétienne qui était aussi celle de Platon, que Dieu est la vérité et que la vérité est divine...

Mais quoi, si cela même se discrédite de plus en plus, si rien ne se révèle plus comme divin, sinon l'erreur, l'aveuglement, le mensonge - si Dieu même se révèle comme notre plus durable mensonge ?- Ici, il convient de s'arrêter et de bien réfléchir. La science elle-même a désormais besoin d'une justification (par quoi il n'est pas encore dit qu'elle en possède une) . Consultez à ce propos les philosophies les plus anciennes et les plus récentes : aucune n'a conscience que la volonté de vérité elle-même a besoin d'une justification. C'est là une lacune de toute philosophie - D'où vient cela ? Du fait que jusqu'ici l'idéal ascétique[1] a dominé toutes les philosophies, du fait que la vérité était posée comme Être, comme Dieu, comme instance suprême, du fait que la vérité ne devait aucunement être un problème. Comprend-on ce "devait" ? Dès qu'est nié la croyance dans le Dieu de l'idéal ascétique, se pose un nouveau problème : celui de la valeur de la vérité.

Question

  1. Pour Nietzsche d'où vient notre certitude que la vérité existe réellement ?

  2. Pourquoi la science semble avoir besoin de la religion ?

  3. Quelles sont les conséquences de l'abandon de la croyance en Dieu ?

  4. Comment expliquer cet aveuglement de la science ?