Deux formes de beautés

La beauté adhérente

Il existe chez Kant deux formes de la beauté, la première dite adhérente n'est pas de l'ordre du jugement esthétique.

Juger de la beauté adhérente consiste à comparer l'objet avec son concept et apprécier l'accord qui existe entre les deux.

Par exemple : la beauté d'un raisonnement logique ou d'un meuble style renaissance réalisé par un ébéniste contemporain.

Il s'agit donc là d'une émotion liée à un jugement de connaissance.

La beauté libre

Il s'agit de la beauté proprement liée au jugement esthétique.

Elle implique une absence de fin, une absence de concept préalable à la réalisation.

L'absence de concept est la condition de la liberté du jeu des facultés, il ne peut donc avoir d'aboutissement.

En ce sens Kant rompt avec la représentation classique de l'art qui reliait la beauté au concept.

De même le modèle romantique (postérieur au modèle critique) renouera avec la question de la connaissance.

« Beaucoup d'oiseaux (le perroquet, le colibri, l'oiseau de paradis), une foule de crustacés marins sont en eux-mêmes des beautés, qui ne se rapportent à aucun objet déterminé quant à sa fin par des concepts, mais qui plaisent librement et pour elles-mêmes. Ainsi les dessins à la grecque, des rinceaux pour des encadrements ou sur des papiers peints, etc., ne signifient rien en eux-mêmes ; ils ne représentent rien, aucun objet sous un concept déterminé et sont de libres beautés. On peut encore ranger dans ce genre tout ce que l'on nomme en musique improvisation (sans thème) et même toute la musique sans texte. Dans l'appréciation d'une libre beauté (simplement suivant la forme) le jugement de goût est pur. On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l'objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que la liberté de l'imagination, qui joue en quelque sorte dans la contemplation de la figure, ne saurait qu'être limitée. »

Kant, Critique de la faculté de juger