Levi-Strauss - Race et histoire
Le contenu
Chapitre I : Race et culture
Ni la génétique ni la biologie ne justifient les différences et les inégalités qui frappent les races humaines.
Chapitre II : Diversité des cultures
Il est difficile de déterminer les similitudes et les divergences entre les peuples car il ne cesse d'y avoir des interactions entre les cultures.
La culture n'est pas une donnée statique.
Chapitre III : L'ethnocentrisme
C'est un réflexe bien universel de condamner ceux qui nous sont différents.
Selon Lévi-Strauss « c'est d'abord le barbare qui croit en la barbarie ».
Chapitre IV : Cultures archaïques et cultures primitives
Aucune société, quels que soient son époque et son lieu, n'est la réplique d'une autre.
On ne peut déduire d'une culture, l'histoire d'une autre. Cela reviendrait à nier les particularités de chacune.
Chapitre V : L'idée de progrès
On constate que le temps est souvent synonyme de progrès et l'on s'imagine, à tort, que celui-ci est linéaire.
Chapitre VI : Histoire stationnaire et histoire cumulative
Il n'y a pas d'un côté des peuples qui stagnent et de l'autre des peuples qui progressent.
Cette vision est liée au fait que nous nous concentrons sur nos propres valeurs et intérêts.
Si les occidentaux favorisent le développement technologique, les peuples d'antarctique, eux, favorisent leur adaptation à un milieu hostile.
Chapitre VII : Place de la civilisation occidentale
Si occidentalisation il y a, elle est loin d'être par choix mais par dépit.
Chapitre VIII : Hasard et civilisation
Si l'occident se démarque des autres cultures c'est qu'elle a su cumuler et améliorer les techniques.
De nombreuses recherches archéologiques ont démontré que des bouleversements techniques sont apparus simultanément dans des contrées éloignées.
Toute histoire est cumulative en soi, le progrès est partout.
Chapitre IX : Collaboration des cultures
On peut donc affirmer qu'il n'y a aucune supériorité d'une race sur une autre.
Les cultures ne peuvent se développer qu'au contact des autres.
Chapitre X : Le double sens du progrès
Le progrès est donc le résultat de la mise en commun des différences culturelles.
Toute la difficulté réside à éviter l'homogénéisation du monde.
Extrait
On sait, en effet, que la notion d'humanité, englobant, sans distinction de race ou de civilisation, toutes les formes de l'espèce humaine, est d'apparition fort tardive et d'expansion limitée. Là même où elle semble avoir atteint son plus haut développement, il est nullement certain - l'histoire récente le prouve - qu'elle soit établie à l'abri des équivoques ou des régressions. Mais, pour de vastes fractions de l'espèce humaine et pendant des dizaines de millénaires, cette notion apparaît totalement absente. L'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village ; à tel point qu'un grand nombre de populations dites primitives se désignent d'un nom qui signifie les "hommes" (ou parfois - dirons- nous avec plus de discrétion "les bons", "les excellents", "les complets), impliquant ainsi que les autres tribus groupes ou villages ne participent pas des vertus - ou même de la nature humaine, mais sont tout au plus composés de "mauvais", de "méchants", de "singes de terre" ou "d'œufs de pou" [....]. Dans les Grandes Antilles, après la découverte de l'Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d'enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s'employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était ou non, sujet à la putréfaction.
Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d'autres formes) : c'est dans la mesure même où l'on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l'on s'identifie le plus complètement avec celles qu'on essaye de nier. En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus "sauvages" ou les plus "barbares" de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leur attitude typique. Le barbare c'est celui qui croit à la barbarie.