Les règles juridiques et sociales
Nous avons vu qu'il convenait de développer une capacité prévisionnelle fiable dans le cadre du système capitaliste : le calcul de la rentabilité.
Cette capacité est de deux ordres :
interne : prévoir la quantité et la qualité des produits ;
externe : anticiper précisément l'environnement légal et social de la production et de la commercialisation des produits.
Nous avons étudié précédemment les conséquences de la capacité prévisionnelle interne, il nous reste donc a envisager l'externe.
Capacité prévisionnelle externe
Les facteurs externes à prendre en compte afin d'être en capacité de prévoir efficacement sont également de deux ordres :
ceux qui échappent à toutes tentatives de rationalisation (les aléas)
les processus de régulations qui ont pour objectif de réduire la portée des premiers.
Pour rendre compte de ces facteurs nous allons nous appuyer sur un exemple qui n'appartient pas au système économique, la circulation automobile.
la circulation automobile
La vitesse d'un conducteur dépend pour partie du niveau de trafic à un moment et un lieu donné.
Or, le nombre de conducteurs présents ne dépend pas d'un système organisé mais des obligations ou désirs d'individus singuliers.
Nous nous retrouvons dans un système chaotique qui ressemble au nuage dont parle Popper dans Des nuages et des horloges.
Il s'agit là de ce que nous avons appelé les aléas.
L'État notamment va alors tenter d'influencer ces aléas afin de minimiser leur portée.
Il crée donc des systèmes de régulations : Code de la route, radars...
Complexité galopante
Le développement de l'économie ne cesse de faire surgir des facteurs de type aléas qui imposent donc de mettre en oeuvre des systèmes de régulation.
Mais ces systèmes de régulation vont à leur tour engendrer des difficultés qui devront être résolues par d'autres systèmes de régulation.
Ce processus aboutit à une complexification croissante du système juridique et social.
Le citoyen lambda n'est plus capable de s'y retrouver.
L'activité de certains avocats consiste à trouver des brèches dans le système que les législateurs s'efforceront de combler par un nouveau règlement.
Au bout du compte personne n'est en mesure de percevoir les différentes implications, le système prend le pouvoir sur nos existences.
Le travail perd son sens
Ainsi, le développement du calcul de la rentabilité va devenir d'une telle complexité que seul des algorithmes informatiques seront en capacité d'en rendre compte.
Dès lors, les dirigeants sont tout autant dépassés que les ouvriers.
Nous devenons incapables de comprendre le sens de notre travail.
La liberté humaine se révèle ici contre-productive, elle est ce par quoi la machine est susceptible de s'enrayer.
Ce que certains appellent trivialement le PFH (Putain de Facteur Humain).