Consommer des signes
Se customiser
Tout ce qui peut être valorisé économiquement devient une proie potentielle du design.
En premier lieu l’individu lui même qu'il s’agit de customiser.
C’est-à-dire lui permettre de véhiculer une image de lui-même à travers l’ajout de signes instrumentalisés notamment par le design.
Choisir ses vêtements, sa coiffure, ses accessoires en fonction de ce que l’on souhaite révéler aux autres.
Sans doute, la mode n’a pas attendu l’apparition du design pour exister mais elle est devenue un langage à part entière grâce à lui.
Nous communiquons à travers des signes soigneusement sélectionnés qui nous amènent à acheter des produits spécifiques.
Baudrillard dans La société de consommation montre le paradoxe d'une telle attitude.
Étude de texte
Le pouvoir des Marques
L’une des plus belles victoires du design, de la publicité et du marketing est d’être parvenu à convaincre le public que la Marque elle-même est dotée d’une valeur qui surpasse l’ensemble des autres signes.
On achète pas tel produit parce qu’il semble solide, confortable, utile, agréable… mais uniquement pour le logo apposé dessus.
On en vient à acheter la Marque plus que le produit lui-même parce que cette dernière véhicule davantage de signe que l’objet.
Plus impressionnant encore le consommateur devient lui-même le promoteur des Marques, par l’affichage des logos sur ses vêtements il participe au développement de l’univers des signes, il démultiplie l’importance que l’on accorde à telle ou telle Marque et par là il participe à la diffusion de l’idée que la valeur de l’existence humaine s’indexe sur la capacité à consommer certains produits, certaines Marques.
Jacques Séguéla[1] sur le plateau des 4 vérités en 2009 déclare à un journaliste « Comment peut-on reprocher à un président (Nicolas Sarkozy) d'avoir une Rolex. Enfin... tout le monde a une Rolex. Si à cinquante ans, on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ! »
(regarder la vidéo).
L'obsolescence du signe
Dans le cadre industriel l’objectif est la consommation des biens produits, dès lors le designer ne doit pas rendre l’objet effectivement désirable mais superficiellement désirable.
Il convient que cette surcouche s’use vite, que le pouvoir d’attraction du produit cesse aussi vite que possible suite à son acquisition, afin de donner lieu à un nouvel acte d’achat.
S’attacher effectivement à un objet est contre-productif dans cette optique, si le plaisir se maintient le consommateur cesse de consommer.
Le design doit donc s’élaborer sur une obsolescence rapide, presque immédiate.
Tout l’art consiste à produire constamment de nouveaux signes pour qu’ils remplacent et invalident les précédents.
Modifier perpétuellement la perception du public, créer une obsession de la nouveauté.