Arendt - La crise de la culture

Première publication : 1961
Langue : anglaise
Écriture : exigeant
Silhouette : plantureuse
Coût : dispendieux
Puisque l’homme ne peut plus comprendre son passé et ne peut pas envisager son avenir, sa seule possibilité reste d’apprendre à penser afin de combler voire de lutter contre cette brèche dans l’intervalle entre le passé révolu et l’avenir infigurable.
Nous avons vécu de nombreuses révolutions qui ont recomposés de manière fondamentale notre rapport au monde :
la terre n'est plus le centre de l'univers
les espèces n'ont pas été crées une fois pour toute mais procèdent d'une évolution
l'existence du temps est même remise en cause par la science actuelle
...
Aujourd'hui, il est devenu délicat de s'appuyer sur la tradition pour comprendre notre monde, le champ de la connaissance semble s'étendre trop vite et trop loin pour que nous soyons en mesure le le suivre.
Il en résulte une Crise de la culture (manque de repères, de valeurs, confusion, etc.), l'idée même d'une vérité est remise en cause. Les discours s'entremêlent et se contredisent.
Nous vivons dans un monde où le sens est devenu fragile
Arendt s'emploie dans cet ouvrage à redonner une consistance à certaines idées (politiques) en s'appuyant notamment sur leur généalogie.
Elle estime que pour comprendre notre réalité il convient de savoir d'où nous venons, comment les concepts se sont articuler à travers le temps et ce qu'ils disent de ce que nous sommes.
Ainsi, elle propose huit articles indépendants :
La tradition et l’âge moderne
Le concept d’histoire : antique et moderne
Qu’est-ce que l’autorité ?
Qu’est-ce que la liberté ?
La crise de l’éducation
La crise de la culture : sa portée sociale et politique
Vérité et politique
La conquête de l'espace et la dimension de l'homme
Extrait
Il est vrai que rétrospectivement – c’est-à-dire dans la perspective historique – toute succession d’évènements donne à penser qu’elle n’aurait pu se produire autrement, mais c’est une illusion d’optique, ou plutôt une illusion existentielle : rien ne pourrait jamais arriver si la réalité, par définition ne tuait pas les autres possibilités originellement inhérentes à quelque situation donnée que ce soit.
En d’autres termes, la vérité de fait n’est pas plus évidente que l’opinion, et cela est peut-être une des raisons pour lesquelles les teneurs-d’opinion trouvent relativement facile de rejeter la vérité de fait tout comme une autre opinion. L’évidence factuelle en outre est établie grâce à des témoignages de témoins oculaires – sujets à caution comme on sait – et grâce à des archives, des documents et des monuments – qu’on peut tous soupçonnés d’être faux. En cas de contestation, on peut seulement invoquer d’autres témoignages mais non une tierce et plus haute instance, et la décision est généralement le résultat d’une majorité ; c’est-à-dire qu’il en va ici comme pour la solution des conflits d’opinion – procédé totalement insatisfaisant, puisqu’il n’y a rien qui empêche une majorité de témoignages d’être une majorité de faux témoignages. Au contraire dans certaines circonstances, le sentiment d’appartenir à une majorité peut même favoriser le faux témoignage. En d’autres termes, dans la mesure où la vérité de fait est exposée à l’hostilité des teneurs d’opinions, elle est aussi vulnérable que la vérité philosophie rationnelle.
Notions au programme
L'État, la liberté, la nature, la vérité