Machiavel - Le Prince

Première publication : 1515

Langue : italienne

Écriture : exigeante

Silhouette : plantureuse

Coût : bon marché

Le contenu

C'est par lui que le terme machiavélisme à vu le jour.

Il évoque en nous les eaux troubles des intrigues politiques : l'absence de scrupule, l'éradication des valeurs morales...

Et tout cela pour quoi ? Accaparer le pouvoir ; du haut d'un piédestal, tirer les ficelles pour mener la vile populace sans remous. User de ruses, de perfidies et de mauvaise foi afin de manipuler les êtres qui vivent sous les lois.

Sans compter qu'être machiavélique consiste toujours a déguiser ses mauvaises actions sous des dehors d'honnêteté et d'intégrité.

Mais alors, cette bible du machiavélisme, ce précis de manipulation à l'usage des malhonnêtes gens, ne devrait-il pas faire l'objet d'un autodafé ? N'est-il pas dangereux de laisser à disposition, de diffuser une parole à ce point venimeuse ?

Certes non et ce pour deux raisons.

  • La première repose sur le fait que même si nous pouvions effectivement accabler ainsi « Le Prince », cet ouvrage resterait précieux pour comprendre, pour déconstruire les actions de nos dirigeants. Il devrait même faire l'objet d'une étude précise par tous ceux qui refusent la manipulation. Il serait un ouvrage de résistance puisque lorsque nous percevons les ficelles derrière l'acte perfide, les masques tombent.

  • La seconde raison est que l'idée commune que l'on se fait du « Prince » n'est pas tout à fait exacte. Machiavel a bien pour but de former des dirigeants, d'éclairer leur pratique en s'appuyant sur l'Histoire, de leur éviter des déconvenues. Mais il n'est pas un ennemi du peuple, il n'est pas le chantre de la servitude volontaire ou extorquée.

    Il est avant tout un auteur pragmatique, qui constate que l'instabilité de l'État ne profite à personne et qu'avant tout elle est nuisible au peuple. Les gens du peuple souhaitent inventer, construire, partager, se divertir aussi ; en un mot vivre. Et cela demande un État fort, capable de les protéger de la menace étrangère et des factions internes au pays.

Si Machiavel est le premier à affirmer que rôle du dirigeant est de penser d'abord à l'État avant de penser à lui-même, il reconnaît que les dirigeants sont des hommes ; il convient donc de pactiser avec les passions humaines.

Ainsi, il démêle les passions nuisibles ou non à l'État.

Sans doute nous trouvons des pages qui nous glacent le sang, lorsqu'il conseille notamment d'exterminer tous les descendants du gouvernant lorsqu'on s'empare de son État. Mais une fois encore Machiavel n'a en vue que la stabilité de l'État en non le bien-être de l'usurpateur.

Alors, pour comprendre la difficulté de diriger une Nation, pour découvrir les pièges et les cas de conscience auxquels nos élites politiques sont confrontées, plongez vous dans la lecture du Prince de Machiavel.

Extrait

De là naît une dispute : s'il faut mieux être aimé que craint, ou l'inverse. La réponse est qu'il faudrait l'un et l'autre, mais comme il est difficile d'accorder les deux, il est bien plus sûr d'être craint qu'aimé, si l'on devait se passer de l'un d'eux. Au sujet des hommes, on peut en effet énoncer cette généralité: ils sont ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, lâches devant le danger, cupides devant le gain; lorsque tu contribues à leur bien, ils sont tout à toi, il t'offrent leur sang, ce qu'ils possèdent, leur vie, leur progéniture, comme je l'ai dit plus haut, tout cela lorsque le danger est loin. Mais lorsqu'il s'approche, ils font volte-face. Le prince qui s'est entièrement fondé sur leurs paroles se trouve alors entièrement dépourvu et s'effondre. Car les amitiés que l'on achète contre monnaie sonnante plutôt que par la grandeur et par la noblesse d'âme, on les paie mais on ne les possède pas, et on ne peut les dépenser quand on en a besoin. Et les hommes éprouvent moins d'hésitation à nuire à quelqu'un qui se fait aimer qu'à quelqu'un qui se fait craindre - car l'amour est sous-tendu par un lien d'obligation qui du fait de la méchanceté des hommes est rompu à la moindre occasion, où ils voient leur profit personnel, tandis que la crainte est sous-tendue par une telle peur du châtiment qu'elle ne te fera jamais défaut. Cependant, le prince doit se faire craindre de telle façon que s'il ne peut obtenir l'amour, il échappe à la haine; en effet, être craint et n'être pas haï peuvent très bien aller ensemble et le prince y parviendra toujours s'il s'abstient de s'en prendre aux biens de ses concitoyens et de ses sujets ainsi qu'à leur épouse.

Notions au programme

Le bonheur L’État La justice La liberté