Aurèle - Pensées pour moi-même

Première publication : 180

Langue : latine

Écriture : accessible

Silhouette : plantureuse

Coût : bon marché

Le contenu

Avec une patience infinie l'auteur s'efforce de replacer, une à une, chacune des fibres de notre âme à sa place originelle.

Il s'empare de nos angoisses les plus ancestrales : la mort, la souffrance, l'avenir... Il commence par les dépouiller de leur part d'ombre pour les exposer en pleine lumière et nous les faire percevoir dans leur plus grande nudité.

Il nous démontre avec beaucoup de simplicité à quel point elle ne sont rien pour nous.

Puis, c'est au tour des désirs ou des représentations erronées qui nous tourmentent jusqu'à empoisonner nos vie : la reconnaissance d'autrui, la méchanceté des hommes, la cruauté de la nature...

Ici encore il analyse, rendant à chaque chose son dû, modifiant nos perspectives, mais sans jamais juger, sans jamais condamner.

La tradition véhicule une image du stoïcisme aride, désincarnée. Le stoïque nous apparaît comme une sorte de monstruosité qui à force de discours plus ou moins cohérents s'extrait du monde et des hommes, refusant avec l'énergie du désespoir que la réalité ait prise sur lui.

Pourtant avec Marc Aurèle nous sommes aux antipodes de cette image.

Si sa pratique fut un tant soit peu le reflet de ses écrits alors bienheureux les romains qui vécurent sous sa loi. Et combien de dirigeants actuels feraient bien de prendre un peu de temps pour le lire.

Bien entendu, ses écrits si convaincants soient-ils peinent à nous faire changer radicalement car il y a loin de la coupe aux lèvres.

Mais pour tous ceux qui sont dans l'embarras, dans la souffrance ou dans l'angoisse ce livre est une véritable bénédiction.

Extrait

Le matin, dès qu’on s’éveille, il faut se prémunir pour la journée en se disant : « Je pourrai bien rencontrer aujourd’hui un fâcheux, un ingrat, un insolent, un fripon, un traître, qui nuit à l’intérêt commun ; mais si tous ces gens-là sont affligés de tant de vices, c’est par simple ignorance de ce que c’est que le bien et le mal. » Quant à moi, considérant la nature du bien qui se confond avec le beau et celle du mal qui se confond avec le laid ; considérant en même temps que celui qui se met en faute à mon égard se trouve, par le décret de la nature, être de ma famille, non pas qu’il vienne d’un même sang et d’une même souche, mais parce qu’il participe aussi bien que moi à l’intelligence et à l’héritage divin, je me dis deux choses : d’abord que nul d’entre ces gens ne peut me faire le moindre tort, puisque aucun ne peut me faire tomber dans le mal et le laid ; et en second lieu, que je ne puis éprouver ni de la colère ni de la haine contre un membre de la famille à laquelle j’appartiens moi-même. Nous sommes tous faits pour concourir à une œuvre commune, comme dans notre corps y concourent les pieds, les mains, les yeux, les rangées de nos dents en haut et en bas de la mâchoire. Agir les uns contre les autres est donc certainement manquer à l’ordre naturel. Or, c’est agir en ennemi que de se laisser aller à son dépit et à son aversion contre un de ses semblables.

Ce que je suis, après tout, c’est une misérable chair, un faible souffle ; mais il y a de plus en moi le principe directeur de tout le reste. Laisse donc là les livres ; ne tarde plus un instant ; car ce délai ne t’est plus permis. Comme si déjà tu en étais à la mort, dédaigne ce triste amas de chairs, de liquides et d’os, ce frêle tissu, ce réseau entrelacé de nerfs, de veines et d’artères. Bien plus, ce souffle même qui t’anime, vois ce qu’il est : du vent, qui ne peut même pas être toujours égal et uniforme, rejeté à tout moment et à tout moment aspiré de nouveau. Quant au troisième élément de notre être, le principe chef et maître, voici ce que tu dois en penser : « Tu es vieux ; ne souffre plus que ce principe soit jamais esclave, qu’il soit jamais lacéré par un instinct désordonné ; ne permets plus qu’il se révolte contre la destinée, ni contre un présent qu’il maudit, ou contre un avenir qu’il redoute. »

Notions au programme

Le bonheur La conscience Le devoir La justice La liberté La raison La religion Le travail