Rousseau - Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

Première publication : 1755
Langue française
Écriture accessible
Silhouette svelte
Coût : bon marché
La structure
Réponse à un sujet de l'Académie de Dijon intitulé : « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? »
Deux parties :
la première, expose l'homme à l'état de nature (pré-darwiniste)
la seconde, dévoile l'origine et le développement des inégalités.
L'argumentation :
Étonnement face à l'existence des inégalités que l'on condamne mais qui persistent.
Distinction origine et fondement
Enquête qui conduit Rousseau à penser l'état de nature
L'homme n'est pas mauvais naturellement - les inégalités ne sont pas autorisés par une loi naturelle
Récit de l'éclosion des inégalités
Conclusion : il y a bien une origine qui n'a rien à voir avec le péché originel (condamnation de l'Église)
Le fond
Un ouvrage percutant qui bouscule nos certitudes rassurantes concernant notre valeur, notre utilité sociale, notre rapport aux autres et au monde.
Rousseau regrette un paradis perdu qui, de son propre aveu, n'a sans doute jamais existé.
Mais qui aurait donné à la condition humaine un tout autre visage si nous n'avions pas emprunté une autre voie.
Il trace le portrait de nos sociétés calamiteuses, de notre soumission au travail, de nos luttes incessantes contre autrui, etc.
Une telle misère pourquoi ? Pour une vague lueur d'envie entraperçue dans les yeux de nos contemporains !
Rousseau ne propose pas ici d'alternative, il se contente du constat.
Après avoir lu ces pages nous sommes amenés à porter des jugements plus nuancés sur les nations dites « sauvages », voire « barbares ».
Extrait
Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant : mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre ; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.
La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour la philosophie ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain; aussi l'un et l'autre étaient-ils inconnus aux sauvages de l'Amérique qui pour cela sont toujours demeurés tels; les autres peuples semblent même être restés barbares tant qu'ils ont pratiqué l'un de ces arts sans l'autre; et l'une des meilleures raisons peut-être pourquoi l'Europe a été, sinon plus tôt, du moins plus constamment et mieux policée que les autres parties du monde, c'est qu'elle est à la fois la plus abondante en fer et la plus fertile en blé.
Notions au programme
Le bonheur La justice La liberté La nature La raison Le travail